Comment s'extirper du chômage? | 07 juin 2007


Je distribue de la tune à toutes les putes en mal de notoriété... Je suis là pour faire du casting de salopes, dans des entrepôts de banlieue aménagés en studios à la con. LEs lampes, l'assistante qui gesticule (et testicule la salope), le dérangeant bruit de la machine à air conditionné, les folles qui traînent dans le coin, en quête de contact avec le patron/en/scène, le rail au sol, les caméras, le photographe avec sa drôle de tête tordue.
Je suis sur mon fauteuil de boss des lieux. Je caresse mon chat endormi sur mes genoux comme on titille un phallus ramolli (l'image sans classe est aussi une de mes spécificités, le côté récurent de mes centres d'intérêts)... LA douzième fille n'a pas encore 18 ans et se comporte comme une salope professionnelle. Que d'images M6, TF1, magazines dans sa tête... Elle ne me fait aucun effet. Elle a encore des résidus de traits d'enfance. ça me dégoûte un peu. "Tu me fais quoi là?!" Elle se casse. Elle se sauve. Elle me fait quoi cette conne?
J'ai pas la tête à ce que je fais. LE casting se prolonge et j'ai une grosse envie de branlette, de Virginie Despentes et d'Arnaud Michniak... Les pensées se barrent... Il y a un an, j'emergeais tout juste d'une longue période de chômage (renaissant des suites d'une longue maladie, par conséquent). C'est en caressant ma queue devant un film de cul basic sur le net, que j'ai décidé de me lancer dans cette nouvelle vie. Interlope. L'existence mise au profit du monde.
Jusque-là, j'avais refusé de faire la moindre concession au système dans lequel je vivais. Ma vive critique du Capitalisme m'empêchait de faire des choix personnels qui n'auraient pas été en phase avec celle-ci. Les rêves d'un gauchiste occidental intègre se résume à une longue dépression. Tu souhaites que les injustices et les abus du fric cessent, alors tu t'obliges à vivre dans un HLM de merde, faire tes courses au Leaderprice et bosser dans une boite à con, sans prendre de responsabilités... Et écrire. Ecrire des textes sur la méchanceté des méchants. Défendre les humbles, les moins que rien, les incapables... Ce que tu es inévitablement, avec cette forme d'ntégrité rébarbative du mec qui veut changer le monde.
C'était pathétique. J'étais physiquement et moralement incapable d'être vraiment de gauche: faire des manif, débattre dans des réunions d'association dans des salles glauques, travailler dans une usine ou dans une administration, se coltiner des communistes, prendre des décisions collégiales, supporter les têtes cassés des gens pauvres (leurs conversations aussi... Leur gentillesse merde)...
Je remet un peu d'ordre dans la tête de cette blondinette à peine majeure: "Bon c'est pour bosser avec Kamel Ouali, alors tu te donnes à fond et ta carrière est lancée!" Elle me fait un sourire crispée et commence à "dancer". Putain de déhanché de salope... Ah la libération des femmes par les fringues de pute... quelle révolution!
C'est symptômatique de ma nouvelle "façon d'être"... J'ai les pensées sans vergogne et la tronche ébahie par la médiocrité des personnes avec lesquelles je bosse.
Auparavant, je mettais mon intelligence, ma capacité d'analyse, de réflexion et de critique au service de mes idéaux: vers un monde meilleur... Ce sont mes journées passées aux restos du coeur qui m'ont permis de réaliser que, décidément, ben chacun sa daube. J'ai quitté la piscine désaffectés où nous donnions les victuailles aux pauvres ouailles, et je suis allé faire fortune sur la gueule de leurs gosses.
ça n'est pas malsain... LA blondinette arrête de bouger. Elle attend mon verdict. Je lui fais signe de s'approcher. S'approcher. S'approcher... jusqu'à ce que je puisse lui murmurer deux trois choses dans le trou de son oreille: "ça ne fera pas l'affaire pour Ouali... MAis tu es très belle, sexy, et tu as une sensualité très provoquante... Pour 300 euros, je te propose de faire des photos en petite tenue." Première étape pour aller plus loin... Elle se recule vivement. Pince ma carte de visite entre son majeur et son index, tourne les talons et dégage... Si elle est d'un milieu modeste, il y a 50 % de chance pour qu'elle accepte de le faire... Sinon, c'est mort.
Andy Verol

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