Une sorte de soeur, avec un sexe dedans… (Extrait de « Ils se définissent contre ») | 14 mars 2008


On a le vent en poupe. On vire le temps. On vire le temps. On lui botte le cul avec des orties et des épingles-chiennasses. On reste là. Je roule une clope. Le détail de la bande collante humidifiée sous ses yeux faciles de féline. La câline, le clin d'œil. On est amis, mais elle aime ma bouche. On est les identiques, mais elle glisse la langue, la lisse contre ses lèvres à elle, charnues. Je roule la clope. On fuit le temps, on compte les têtes des passants. On évite la vie, la vraie, la vendue pas cher, pour nos chers parents. Payer SMIC nos jeunesses pour s'payer l'H&M, l'Morgan, et l'HLM.
Ses lèvres humides, et ses yeux qui se plissent, puissant regard, en matant ma bouche en rond pomper la clope/pénis. Ce rythme est à chier. L'instant résumé avec le mauvais rythme.  La queue à tabac, l'Amsterdamer. On ne dit pas un mot dans l'obscurité et ce mec qui me promet des tonnes de thunes est un fils de putain. Dans ma tête. Le temps suspendu. Pendu aux lèvres de l'un l'autre, pour se bouffer en rêve, la gueule de désir, de french kiss fraîchement sur les peaux lisses de nos lèvres, jeunes gourmandes, nos gueules de merdiques condamnée à ... la laideur...
Elle, c'est les cheveux longs peignés au féminin. Moi, les cheveux ébouriffés au masculin. Malins nos doigts imaginés sur ses seins, les fesses, les caresses... Elle. Moi. Pompe fort sur la clope la roulée : « Tu veux tirer dessus ? ». Son regard lubrique recommence, s'imbrique presque brillant dans l'espace invisible l'air je ne peux pas dérouler des mots comme ça je veux plutôt les chier ou les tirer comme des boulets l'canon « à l'assaut ! ». Elle demande : « Qu'est-ce qui t'arrive pauv'con ? », puis elle rit, je vois un peu de salive au bord de sa lèvre. De dire ce mot, de rappeler bouche, c'est baiser sa bouche. « Chut ». Le nuage de phéromones que je balance dans l'air comme un pet silencieux mais odorant... « Tire sur la clope ». Elle sourit, suante et suave, sa peau élastique et ses traits parfaits, arrondis, ses seins rebondis, ses mains mignonnes posées silencieuses sur l'opaque de ses collants pourris. On l'a pensé des milliards de fois, ça nous les mecs, les bites fusée qui décollent et percent la lune.
Le miracle de ses « oui » non dits. Je recommence. J'la déchire comme une chienne. Je sais que j'peux ressortir l'pogo lui mettre des coups dans la gueule en gueulant qu'elle est belle. « T'es trop belle quand tu tires... Sur la clope... » Dit pas merci la vagine. Je pense : « Démonte-lui la bouche pour qu'elle arrête de faire monter ma queue... » Il fait noir. Les aspérités des murs de béton du garage. Une danseuse gothique sur un poster au mur. Les styles jeunes c'est du vomi. L'dégueulis.  Mes envies frustrées remuent le ventre à l'intérieur. C'est évident. Chieur, le désir, le temps s'étire et je reste, les yeux contre elle, l'envie dans le garage, l'obscurité. Les choses qui recommencent. Le temps plein de trous béants dans nos mémoires. L'gavage, l'trop de dehors, retord. Le rester dedans. Elle et moi. Moi qui tire encore une fois sur la clope et brille de l'esprit en trifouillant, démontant sa bouche... avec les yeux.  Sa face désir, belle à bander... Tous les mecs écrivent comme ça pour dissimiler/habiller leurs queues de romantisme à la cligne-moi d'ssus. Belle à bender, jusqu'à en vomir de plaisir.Han ! Tringler. Trincler, puis repousser. Chut. « Finis-là ».  Elle pince le bout mouillé/marron de la fin d'la roulée. C'est laid comme un roman d'Malzieu, vulgaire comme un « Excellent » d'Sollers. Chut.  J'me casse. M'arrache machinal. Les filles de mon âge sont machinales en amour, en sexe, avec leurs rêves de verges pleines... J'mens. Mais nan. Attend. L'temps s'en va. Revient en rasades dès que je décolle hors du garage.  Ma sorte de sœur avec un sexe en plus. Pour cet entretien, je prends le bus. Mes doigts sentent le tabac. Mon anus me gratte. Je prends le bus avec le chauffeur qui siffle du zouk. Les mots glissent en cascade. Quel con !  

Extrait d'un roman-projet: Ils se définissent contre 
Andy Vérol

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