Où je range les paquets de viande papa? | 09 mai 2008

C'est en balançant la javel en rasade sur le sol qu'on parvient à niquer la crasse. Je remonte mon froc, j'allais dire, je remontre mon froc. Un jean Loïs comme on en fait plus la méga taille. On boit chacun une boîte de lait puis on se tient droit les mains sur les hanches fiers de notre travail. Le soleil cogne, a les poings durs qui frappe le dessus du crâne maintenant dégarni. On entend le gresillement des infos à la radio. Une bagnole, un 4x4 Chevrolet bombe sur la route droite direction une connerie à la Kerouac.
Le macadam, on se faufile les doigts les uns dans les autres. Je pose mes lèvres sur ses lèvres un peu moites et gluantes. "Je t'aime papa" j'dis en papillonnant d'la paupière comme une daronne fragile et amoureuse. Il pique. Rugueux. Mon oeil part à l'oblique et se pose le regard sur l'affiche des quatre mecs cagoulés du KKK. Mon dad et ses frères. Les cérémonies, et les nuits du dimanche au lundi où nous jouiions à balancer le feu et la peur dans les barraques des nègres.
"Ta soeur arrive ce soir. Elle va encore nous faire chier." Il dit ça avec une pointe de colère, de chagrin dans le grain de sa voix virile... 42 ans de clopes, de bière, de whisky et de sexe oral. On est à regarder, main dans la main, le désert plat qui s'étend rocaille jusqu'aux machoîres de loup méchant que forme les montagnes au loin. Le contre-jour et tout son tralala de trop beau à voir.
C'est à lui de saisir ma nuque et plonger sa langue chargée longue jusqu'à la gorge... Comme depuis l'enfance... Les premières fois...
La javel a séché.
La camionette rouillée rouille encore sur ses pneus lisses... On ne vend plus d'essence depuis belle lurette. On ne vend plus rien, mais on nettoie... On accueille aussi parfois ces nouveaux hippies, ces connards qui aiment la paix, qui aiment les couleurs, qui aiment l'art, et qui gagnent du fric, laissent crever le monde en faisant simplement des dons de dollars et des heures de bénévolat, de ci de là. On comprend pas ça... peut-être un peu quand on s'encule et qu'on se jouit dedans... Il y a tout juste quelques secondes où on transpire heureux l'gnangnan dans le creu de cerveau/la/queue soulagée...
Puis on se remet à l'ouvrage. On vaque à nos journées... "ça arrive souvent que des papas couchent avec leur fils tu sais?" ça me fait toujours une décharge de l'entendre dire ça. C'est comme si le sable, les graviers, la caillasse du désert entier se vidaient dans mon calbute. C'est beau. La poésie KKK d'un dad amoureux vraiment... J'ai 35 ans et du haut de mes 125 kilos, je me sens heureux...
Ma soeur arrive ce soir, je vais lui faire du choux rouge au vinaigre et aux lardons fumés. On boira du Cognac et de la Bud. On regardera un match de catch, et quand la nuit viendra, on regardera les étoiles ensemble, et...
Un homme clitoridien...
Andy Vérol

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