Bret Easton Ellis doit être un bouffon de bourgeois américain. Carnet n°6 de Duno | 08 août 2008

Carnet n°6 de mon frère Duno suicidé. Mars 1994:

J'ai jamais aimé la littérature violente. Les trucs avec des viols, des mecs contents de faire du mal. Je trouve ça malsain, dégueulasse. Les connards d'écrivains qui te bousillent la tête avec ce genre de polars à la con – et j'y mets Ellroy en premier lieu – sont des criminels. Ils me tuent. Ils me flinguent. Ils m'écorchent dedans la gueule. Je dis ça parce que je viens de terminer un livre. Ça fait des mois que j'en n'ai pas lu. Tu vois (je parle à quelqu'un là, je parle ouais dans mon petit carnet de moi). American Psycho de Bret Easton Ellis. Ce mec doit être un bouffon de bourgeois américain. J'ai bien aimé le début. Le « héros » passe son temps à te parler des produits de beauté qu'il utilise, les marques tout.

C'est très américain ça.

Ils sont matérialistes et insipides pour l'essentiel. Ils n'aiment pas le comportement des français parce qu'on les emmerde et qu'on n'a pas peur d'eux, qu'on trouve que ce sont des bouzeux, que tout ce qu'ils savent faire, c'est de la grosse bouffe à bétail humain bien sucrée, grasse, des grosses bagnoles, des buildings, des armes de destruction massive, des films avec des grosses ficelles, des idéologies fascisantes et des présidents à la con.

Le Ellis, tu vois qu'il écrit avec sa bite. Moi je chante avec ma bite. Mais la différence, c'est que la pute que je veux, je la rince en direct. Lui met tout sur papier. Me fait penser à un bande-mou qui veut se la jouer gros dur. Bon j'ai pas aimé ce bouquin avec des grosses ficelles comme dans les films américains. Le gars est une larve qui fantasme la brutalité. C'est sa façon à lui de jouer au couillon. L'a qu'à s'essayer la taule cette tête de lardon.

Hier, petite scène. A Angers. Moins de 400 personnes. Une chaleur à crever. Je n'ai ramené personne. Pas une seule meuf. J'avais envie d'un mec. Mais les mecs me plaisent pas. J'avais juste idée de troncher un mec. J'ai rien trouvé. Dans la chambre d'hôtel, ils ont mis des bouquets. Je suis suffisamment connu, je suis passé assez de fois à la télé, pour avoir tous les honneurs d'une star lambda. J'ai balancé les pots de fleurs plein contre les murs. Le patron de l'hôtel n'a pas osé appeler les flics parce que je suis célèbre et que ça ferait une bonne pub pour son établissement merdique. J'ai lu ce livre de merde, j'ai bu, j'ai pas pris de coke, pas fumé de joint. J'ai regardé un film de cul sur le câble. Un mec m'a dit qu'il allait bientôt me présenter à une pornostar. Le rêve d'absolu pour un mec. L'idéal serait que je sois marié. Je pourrais faire le mec bien en société, et me taper toutes les crevures derrière. Ce serait bien. J'y pense souvent.

Le film de cul était bien. Sobre. Sodomies, sucettes tout le tralala. Scénario impeccable, et pour cause, le film était en anglais, si bien que je n'y comprenais pas la moitié des mots. Ça m'a donné envie d'écrire une chanson X en anglais. Je me suis pas cassé. L'essaierai au concert à Brest : « Fuck me my sister ! Fuck me like a devil ». C'est à chier. Mais on s'en fout, tout ce qui est en anglais se doit d'être à chier. Slurp.

Duno/Andy Vérol

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