Jésus l'a fait pour nour nous. Extrait du carnet 5bis de Duno, mon frère suicidé. | 21 juillet 2008

Mon frère Duno, cette star dépravée qui s'est suicidé dans les années 90, avait parfois des éclairs de génie, des façons belles d'exprimer sa rage et ses croyances. Je suis de son sang. Je le sens. Lui est déjà digéré par les miasmes et les vers, tandis que j'essaie d'en faire des élevages, en écrivant. Cet extrait d'un carnet bleu, numéroté 5 (encore qu'il existe déjà un carnet n°5). 

Jésus l'a fait pour nous.

 Les autres, ça n'existe pas pour moi. Le rayon alcool de l'épicier en bas, existe. La pharmacie et les anti-inflammatoires existent. Les gens n'existent pas. Leurs voitures existent. Leur pays existe. Mais les autres n'existent pas. Le macadam qu'ils mettent par terre pour faire rouler leurs voitures qui partent en vacances, existe. J'ai chopé le vendeur arabe par le colback. Je lui ai dit « tu vas te faire enculer ! Tu m'rends la monnaie ». Lui a hurlé. Lui c'est les autres. Lui et ses potes. L'autre blanc-bec aussi qui est v ‘nu me lâcher : « Tu fais honte à notre race sale punk-star de merde. »

Etre célèbre doit me protéger du ridicule, du pathétique, de la violence des autres. Etre célèbre, c'est me garantir l'immunité. Je suis célèbre et je peux cracher à la gueule des autres. Je peux être anarchiste, c'est cool. Je peux changer de coiffure comme ce réac de Pagny. Les autres existent pas. L'alcool et les médocs existent, me fournissent la protection nécessaire. La cocaïne me garantit une vision claire et réaliste de ma sur-puissance. Ne pas partir en vacances avec les autres. Etre dans des magazines, en maillot avec une pute sur la plage. Etre célèbre. Dire à ces cons de français qu'ils ne sont que des cons de français. Le dire à tous les français. Pouvoir le dire à tous les français. Ne pas avoir peur. Prendre de la coke, fumer des joints. Etre fort. Défoncé. Au point de s'endormir chez le dentiste.
Dans 10 ans, les américains tortureront des arabes à tour de bras. Ils feront des lois comme les nazis pour se garantir l'immunité. Je suis un américain de dans dix ans, avant l'heure. Je suis avant-gardiste. Je fais mouiller des putes de 15 ans dont les parents sont dépassés, perdus dans leurs propres enfantillages. Les adultes n'ont plus à survivre dans l'Empire. Ils ont à se garantir la vie en bonne santé le plus longtemps possible en mangeant les fruits, les légumes, la viande qu'on produit pour eux. Les autres existent pas. Leurs estomacs et leurs sexes existent. Ils dégoulinent de sperme de stupre et de bile, un peu partout dans l'Empire. L'empire ce sont les autres. Ces autres qui dégoulinent aussi de bave, d'essence et de certitudes.
Quand j'ai enfilé cette fille blonde la nuit dernière, j'ai senti une résistance, que j'ai forcé, comme on force un mec à vomir. Avec les doigts. Au plus profond. « Han » elle a fait. « T'es vierge petite pute ! C'est ça ? » Dans la rage, j'ai pas arrêté de le défoncer. Ça saignait et je riais, je bandais mou, mais ça suffisait. C'était gluant comme la nouveauté, épais comme un orifice en bonbon bon, sucré, pétillant. Elle ne pleurait pas. Souriait et respirait pour me faire plaisir. Alors j'ai joui dans son gluant de virginité, j'ai pensé à son père et j'ai bandé encore. Plus fort...  Les autres existent pas.
J'ai pris sa culotte et l'ai senti comme dans les Valseuses. C'était bien les Valseuses, j'ai adoré. J'aime faire comme dans les Valseuses, sans rire, avec la haine en plus, l'envie de s'échapper en moins. J'irai pas très loin, je le sais. C'est sûr. Je m'intéresse à Jésus s'il s'intéresse à moi. Je crois pas que les musulmans aient raison de s'obstiner. Un mec clouté sur des planches en croix, y a rien de plus hardcore, véridique, pur. Le mec l'a fait pour nous. Il l'a fait pour nous. Il l'a fait pour les autres.
Mais les autres... ça existe pas.
Duno & Andy Vérol

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