Je vais essayer une noire, j'ai jamais essayé une noire... Carnet vert/jaune de mon frère suicidé. | 25 juillet 2008

Mon frère Duno n'était que très rarement à jeun. Défoncé du matin au soir, imperturbablement malade de l'existence, il projetait parfois de se sortir de cette merde, et envisageait de faire des cures de désintox comme plein de blaireaux connus le font aujourd'hui, de façon exclusivement marketing. Avec son groupe, qui connaissait un gros succès en France, il partait parfois à l'étranger. Dans ses carnets, il écrivait frénétiquement sur ces voyages en dehors du territoire. Je ne sais pas s'il avait une vision politique très claire, ni une perception fiable des rapports humains, mais il révélait, en filigrane, une sensibilité à fleur de peau.
Cela fait des mois que je retranscris ses carnets, du moins des extraits. Ça me pèse de devoir me plonger dans les écrits d'un frère que je n'ai pas connu de son vivant, dont je n'avais d'ailleurs pas connaissance. Bien sûr, je me suis procuré tous les albums de son groupe. Je n'ai pas essayé de contacter les anciens membres de celui-ci, sans doute parce que je ressens un besoin pressant de me tenir à bonne distance de ces bonhommes. Je relève d'ailleurs que Duno ne parlait quasiment pas d'eux dans ses carnets. Comme s'ils étaient transparents, invisibles, en tout cas insipide. Qu'en pensent-ils ces trois musicos aujourd'hui séparés ?
Quand j'ai écrit cette bio sur Cantat et Noir Désir, j'avais en tête mon frère Duno qui, lui aussi, avait été un leader charismatique. Mais les points communs s'arrêtent à ça : une beauté indéniable, un charme, un charisme et une rage libérée sur scène. Duno était cependant l'inverse du leader de Noir Désir. Il était haine, rage, liberté outrancière, extrême, radicale, hors-limite. Certains l'accusèrent de n'être qu'une ordure sanguinaire, d'autres le considéraient comme un détraqué excentrique.
Dans ses carnets, que j'ai enfermés dans mon cagibi, pour ne les sortir qu'à l'unité pour une lecture nocturne, sont pleins de son ADM et des matières organiques qu'il consommait. Des traces de salives en gouttelettes séchées, des poils collés, des cheveux, du sang, de la nourriture, du vin, du sperme entre des mots griffonnés sauvagement, sur des cahiers d'écoliers le plus souvent.
Ses tournées à l'étranger étaient toujours des moments, des matchs, des combats de coq, des nuits de « bûcherons » comme le morceau massif des Bérus... Encore que ses tentatives finalement réussies de viol , montre qu'il était capable de n'y rien comprendre à ... l'anarchie, comme tout à chacun qui, aujourd'hui, vote.
Son texte porte un titre scribouillé avec un stylo rouge. Une empreinte :
Je vais essayer une noire, j'ai jamais essayé une noire...
J'ai rangé mon linge.
C'est de cette façon qu'on commence texte hein ? Tu veux d'la littérature ? Hein ? On est en 1994. Y aura encore un ou deux mouvements sociaux avant que la crevure de droite réactionnaire, haineuse, glauque, qui nous empêche de rire pour un oui, un non, ne prenne définitivement le contrôle total. Le XXIème en France sera de droite fascisante ou ne sera pas. Les murs, les prisons, le climat, les maisons, les gens de gauche, ont changé de couleur de façon de bouger. Des petites nouilles à la sauce tomate sur le bord de la toile cirée. J'ai des sortes de cloques sous les bras. Je me sens à moitié brûlé. La toile à cirer. La main dans mon slip. Dim vient de créer des slips sexy pour les mecs. J'ai rien contre le fait que les mecs puissent porter des moules-queue-couilles excitant pour les fillettes, mais j'vois pas trop où ça mène... Ma bite, je peux l'enquiller dans une femme, une fille, le cul d'un pote, sans textiles pétrochimiques... Je veux l'utiliser à ma guise où bon m'semble sans l'habiller, quasi sans la laver. La faire vivre sauvage dans la pétasse... Des odeurs de sauvage.
Je lisais le journal ce matin. C'était l'amas de bordel mondial rédigé par des blaireaux bac+. Ils sont tellement propres sur eux ces journalistes, qu'ils servent et construisent une propagande du laisser-aller intellectuel, sans vraiment s'apercevoir qu'ils ne sont que des fiottes futiles et serviles. Je tire sur l'élastoc de mon Dim. J'ai baisé la noire hier soir. J'avais jamais baisé de noires avant-hier soir. J'avais tout fait sauf ça. J'ai essayé parce que je suis un raciste inassumé. Je pensais que ce genre de fille était sauvage au pieu, avec le cul bombé offert à la queue comme une bombe se love sur le corps d'un barbu pressé de rejoindre ses mille vierges.
Il m'a pris que je suis presque resté comme un con devant la fragilité et la tendresse de la meuf. Elle s'appelait Sonia, je sais pas d'où elle venait, mais elle avait la peau noire. C'était son seul atout pour moi. Elle aurait pu être dénuée de cerveau, ça je m'en branlais. Je faisais mon blanc qui se chope de l'exotisme par pure « ouverture d'esprit ». Elle m'a dit que j'étais qu'un gros raciste, juste après que je lui ai éjaculé sur son cul bombé black en gueulant « oh ouais la noire ! » Mais elle riait en disant ça et m'a dit : « En fait on m'avait jamais fait ça. Ça m'a fait jouir à mort que tu gueules ça. Les blancs de maintenant n'assument plus leur racisme viscéral. Ils distinguent plus les races encore aujourd'hui. Encore plus maintenant qu'avant. Sauf que maintenant ils disent que « la culture africaine c'est ceci, les africains sont formidables parce que cela. » Moi je suis belge. Et j'aime pas l'Afrique. Je préfère l'Islande. J'adore l'Arctique. Comme n'importe quel explorateur blanc. Et toi tu me fais mouiller parce que tu as le racisme sincère, sans faux semblants. »
Je fais encore claquer l'élastoc de mon Dim et regarde la tâche de sperme séchée sur le coin de ma cuisse. J'ai failli être romantique avec cette salope. Mais je suis Duno hum... Et j'ai envie d'me remettre une pute pour me reposer d'la précédente. L'oublier.
Duno & Andy Vérol

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