T'es fâchée contre moi Amanda? | 08 septembre 2008

Elle n'a pas dit oui, elle n'a pas dit non. Elle n'a juste rien dit. Elle a bien lu ce bout de papier griffonné... Avec les "Amanda", avec les petits coeurs.
Carlos est resté absent devant le regard humide de la belle. L'osseuse (Il a souvent les mêmes opinions que ses camarades le gredin. Il passe son temps à écouter, surveiller, espionner les conversations flasques des supporters de foot - dont il fait partie - pour se faire une idée de ce qu'il faut penser. Grands modèles que sont ces gueulards entassés chaque week-end sur des gradins à la con). C'est bien sûr sa masse corporelle hors norme (encore que, en ce début de millénaire en Occident...) qui tord son esprit, ses comportements en société... Il n'aime plus que le foot et les jeux vidéo Carlos. Il se fait appeler "Karl" parce que c'est plus martial, plus digne, plus allemand... Son lit craque, les lattes de son lit fléchissent sans jamais casser. Sa préoccupation première, c'est l'équipement, s'acheter le meilleur avec ses maigres revenus. Un lit qui craque mais qui ne cède pas. Un lit qui le porte, le supporte sans trop emmerder ses voisins, un lit, ses lunettes posées, repliées, son radio-réveil, comme lorsqu'il était petit, qu'il regardait les minutes défiler dans le noir.
"Si je tiens jusqu'à 57, je perdrai 10 grammes".
Et la 57ème minute jaillissait en chiffres allumés verts, et Carlos poussait encore. Attendait. Jusqu'à ce que maman-sa-grosse déboula dans sa chambre en braillant:
"Qu'est-c'tu fous encore au pieu merdeux! Tu vas encore êt'encore en r'tard à l'école p'tit con! Et tes cons d'profs vont encore me faire chier avec leurs mots dans l'carnet!"
Carlos chopait sa bedaine à deux mains et jaillissait mollement de son lit-odeurs-puanteurs-sueur... Il ouvrait ses volets, déposait un baiser sur son poster de Zidane et se trainait jusqu'à la cuisine, où un bol géant de café au lait l'attendait. Oubliés les 10 grammes... Il découpait de gros morceaux de pain beurrés qu'il balançait dans le bol... Lorsqu'ils étaient imbibés, il les portait à sa bouche gourmande, avec une cuillière à soupe, et les aspirait bruyamment.
"T'arrêtes de fout' ton bordel ducon?"
Papa se levait avec parfois le gland qui sortait du calbute.
Carlos venait de là. Savait, depuis qu'il vivait avec Natif, P'tit Meurtrier et Amanda, qu'il n'avait pas les bons codes, les bons principes, les bons modes de communication, la bonne dégaine... Il se savait cachalot maintenant, quand il se pensait simplement informe auparavant. Avant. C'était son monde. On n'y pensait pas. On faisait comme ça... Alors chaque semaine, quand il va se secouer au stade avec ses potes supporters, il repère, assimile, essaie de comprendre ce qui ne va pas chez lui, ce qui pourrait le libérer, faire de lui un putain de bon gros mec bandant capable de faire papillonner Amanda, ou toutes autres gonzesses sensuelles avec des seins, un cul et des pieds propres...
Ils se définissent contre... (Extrait du roman en cours d'écriture).
Andy Vérol

Commentaires

Articles les plus consultés