Pourquoi les lecteurs sont des cons? | 19 septembre 2008

Je lisais ce truc, cette bd ouais à "L'association" où le mec se sent mort. Et il "vit", mais "mort". J'ai trouvé ça super. Me suis dit qu'il avait tout compris le gars. C'est un des machins les plus puissant que j'ai pu lire depuis longtemps. L'auteur, c'est Matt Konture. ça s'appelle Tombe, auto-psy d'un mort-vivant" et c'est précisé qu'il s'agit d'une bd "pour adultes". Cet avertissement "pour adultes" m'a fait rire. C'est glauque, c'est triste, c'est drôle et intrigant. Voilà où il est le problème con de lecteur. Il manque des vrais, des écrivains, des dessinateurs, tout ça, qui ont des choses à dire. Pas des concepts. Pas des histoires que personne n'a écrit. Il faut des éditeurs qui injectent du fric dans le fond, comme Le-Mort-Qui-Trompe, Pylône, l'Association, etc. des éditeurs, pas des marchands de tapis, pas des mecs qui te disent, lorsqu'ils éditent ton livre: "T'es un investissement à long terme pour moi." J'ai pas à me plaindre. Mais je reste vigilant. Je suis pas une cruche les gars. Quand un bouffon m'a écrit: "Ouais le livre sur Cantat, c'est pour gagner du fric, c'est pour l'alimentaire." Je me suis marré. En France, il y a environ 20 000 écrivains répertoriés, et environ 2000, seulement, vivent de leurs écrits (je te dis pas sa mère les daubiens en général, qui en vivent). La moyenne des revenus d'un écrivain est d'environ 650 euros par mois... ça te laisse une idée. C'est pareil que cureton, sauf que t'es pas obligé de peloter des gosses pour prendre plaisir. Et puis tu as le lecteur. Ah le lecteur! Comme ce bouffon, le lecteur estime que son avis a un quelconque intérêt. Tu es dans le bus, le RER, dans le train, et tu écoutes les citoyens-lecteurs parler de lecture. Et là tu flippes. Je résume pas, mais franchement ça casse pas des briques. Tout comme il faut travailler entre 20 et 40 heures par semaine pour pondre de la littérature (ben ouais, même quand elle est à chier comme la mienne), il faudrait que les lecteurs bossent tout autant sur leurs commentaires...
T'as aussi ceux qui ne lisent jamais de livres "commerciaux". Ceux-là, ils ont un avis "aiguisé", ils s'y connaissent grave... Beurk. T'as aussi toute la floppée de lecteurs qui se croient obligés de te cirer les pompes au premier abord. Bon ensuite, quand je les traite de larbins ou de connards, ou autres, ça y est, c'est parti, me voilà classé dans la case "t'es pas un écrivain, ou pour un écrivain ben dis donc, etc." En fait, dans ce genre de réaction tu comprends que nombre de lecteurs ne sont effectivement que des connards de larbins. Ils ont une image arrêtée de celui qui écrit. Celui-ci doit être charismatique, poli, s'exprimant bien, avec la braguette bien fermée et la queue rabattue contre la cuisse, dans un slibard d'merde à poche, un truc du genre.
Bon tout ça pour dire que là tu vois je bois des cafés et mes doigts ils ont crié:" On veut écrire! On veut écrire." Alors moi, à la cool, pas contrariant: "Bon ok les doigts, allez jouer un peu, tapotez sur l'clavier, allez écrire va! Mais quand j'vous dis d'rentrer dans l'pull ou dans l'calbute pour la branlette, on obéit!". Ils tremblent de plaisir les doigts: "Oh oui papa, on te fera la branlette après! Ouaiisss!" Et les v'là qu'ils partent en courant vers le clavier en criant "youpiiii"...
Andy Vérol

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