Hôtel Régina. Berck-Plage. "Evite de mourir". Extrait de roman en cours d'écriture.



Extrait d'un roman en cours d'écriture: "Evite de mourir". 3ème partie du cycle "Avant Extinction".

1ère partie parue en 2013: un micro-roman au titre de "Seconde Chance", signé Andy Vérol. (Format 100% numérique)

2ème partie à paraître début 2014: roman au titre encore tenu secret, ainsi que l'éditeur. (format papier et numérique)

Extrait de la 3ème partie: "Evite de mourir - Césarienne pour mémoire glauque"


Césarienne pour mémoire glauque.


Hôtel Régina, terminus, tout le monde pourrit... Maison vieillotte aspergée de pluie. Sordide. Le club de baby-foot engouffre croissants et jus d'Orange industriels. Martin se coupe la lèvre avec sa tasse fêlée. Parmi les cheveux des clients précédents, il découvre le corps sans vie d'un cafard. L'odeur de rance qui embaume sa chambre lui rappelle le cou de sa grand-mère agonisante. Sur la chaîne info, ils parlent de la dépression perpétuelle des français. Au restaurant chic comme une auberge humide et boueuse du XIXème siècle, une grosse femme seule le reluque sans arrêt tout en avalant sa plâtrée de saucisses frites. Sur la brochure, ils avaient indiqué: "Atmosphère chaleureuse de notre restaurant". Un moucheron lui tourne autour, c'est pas la fée clochette, c'est la bête saleté. 
"J'ai annulé les avions à réaction. J'ai propulsé son corps dans un cercueil sous vide... J'en ai fait un satellite organique." La chambre est à la hauteur de son dégoût, loin des prestations attendues pour une nuit au tarif qatari de 95 euros, petit dèj' compris. La peinture est éclatée au quatre coin de la cellule par une humidité salope lui rappelant que, décidément, SDF, ça doit être horrible. A la réception, deux filles boutonneuses et livides sans doute en stage non rémunérées, lui balance son badge en lui indiquant: "C'est au troisième. Le premier ascenseur est en panne, il faut prendre le second tout au fond du couloir. Bon séjour Monsieur" Pas un mot de plus. Avec sa valise à roulettes, ses groles et son bas de pantalon trempés, il traverse ce fameux couloir à la moquette rouge, des babioles, des fleurs en plastoc, un buffet Ikéa des années 80, des chaises au faux cuir craquelé, une salle de réception vide au milieu de laquelle une table de blancs noeuds et nappes vêtue trône. Des hommes à la peau rouge parlent très sérieusement de Serre-joint et de chiffre d'affaire en se délectant d'un champs de bataille fumant gluant qui porte le nom d'Osso Bucco de veau et "sa coque de riz". Un marécage de sauce industrielle grise, une marée haute de graisse de phoque fuckée à la sur-cuisson. Martin, plombé, balbutie un "scuzé-moi, c'est où l'ascenseur" à deux ploucs stylés TF1/NRJ12 se tapant une queue sur une table de billard trouée de toutes parts...


Léonel Houssam


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