On nous laisse le temps de mourir HH | 13 mars 2009

Trucidé par le calvaire
L'organe a finalement l'aspect de la viande, si on l'extirpe de toi. Tu ne sais plus si ce sont des morceaux qui composent ton corps ou bien ces morceaux de bidoche gerbant qu'on t'aligne dans l'frigo du supermarché... Le caddie dans les mains, à serrer le manche. "Je fais quoi là?" Tu te sens mieux ce matin, la chimio se fait oublier, alors tu reproduis ce que tu faisais quand tu allais bien physiquement. Tu vas faire des courses, tu reluques les jambes des femmes en jambes, tu hésites entre la crème à 12% ou à 18% de matières grasses. Après avoir gerbé toute la nuit, t'être chié dessus, obsédé par la peur de la mort, la peur... de mourir, permanente... Comme si on te faisait passer sous les roues d'un char 24 heures sur 24...
La peur.
Et la prise de cachetons pour éviter la peur. La prise de shit, d'alcool. Pour décompresser. Le Xanax. Des liqueurs. T'écoeurent les liqueurs. Tu te dis que t'aurais pu crever célèbre, mais t'es tout juste la petite goutte sur le bout du gland.
Tu t'en fous. La semaine prochaine c'est chimio, heureusement qu'il y a la prévoyance et la mutuelle. Heureusement qu'il y a les coups de fil de tes collègues qui t'aimaient bien finalement, qui n'ont jamais lu un seul de tes textes parce qu'ils s'en foutent dans leur monde Ricard au camping, dans leur monde de "j'ai les j'tons de la crise..."
Je suis un aigle HH, je pense à Malik, nos galoches de trentenaires malades. La peur au ventre de mourir... Parce que ça nous donne le temps d'avoir peur de mourir HH...
Andy Vérol

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