Fist buccal dégoûtant | 19 mai 2010

Père Alicante était assis derrière l'église. La voix de Jocelyne passait lentement au second plan. A côté de lui, un des jeunes de la chorale creusait un sillon dans les graviers... avec la pointe de son écrase-merde en cuir marron. Bertrand était un camarade de classe, un coincé, un « intello », qui se prenait des baffes dans la cour. Mon esprit brouillon. Bouillonne. Il avait sympathisé avec moi parce qu'il s'était aperçu que je le regardais autant avec pitié qu'avec compassion... Personne ne lui parlait donc, sauf moi, l'instit' et le curé. Ce dernier lui disait de se confier, se confesser, adossé sur le mur de granit gris. Il me disait de rester, de regarder, debout et de me taire... Qu'il pleuve, qu'il neige, je devais rester debout, au garde à vous, attentif à tout ce qui se disait et se passait.
Jocelyne étala sa grosse cuisse sur mes cuisses, sur mes couilles, sur mon ventre et m'enlaça de son bras « baleineux ». Mon corps devenait la colonie de plancton dont elle se nourrissait. Ses fanons étaient sa langue syndicaliste, qui filtrait mon haleine, avant de s'engouffrer dans ma gueule de mâle. Fist buccal dégoûtant.
Bertrand tremblait légèrement lorsque le prêtre lui demandait de poser sa main sur la cuisse. Il n'était pas branché cul, mais il avait la fâcheuse habitude de mettre les enfants dans des postures ambigües. Son sadisme était fin, léger. Subtil. Alicante était la crème de la perversité, de la torture mentale, mais lorsque cela était nécessaire, il n'hésitait pas à mettre des roustes, sans raison... Ce jour là - Ma mémoire ivre sait restituer les passés douloureux - Bertrand fut rossé, et balancé au sol :
« Hein ?! T'es timide hein ?!!  Ça cache quoi petit pervers hein ? »
Il asséna un coup de pied dans le ventre creux :
« Tu fais ta petite tête d'ange, hein ? Petit Diable salace, ordure pleine de sexe ! Tu le touches ton zizi, les boules avec hein ?! Tu le fais ça ! ». Il se pencha. Tout devint noir partout. Mes yeux étaient des judas de porte, les œilletons rougissants devant une telle violence jubilatoire et gratuite. Ça me chatouillait les entrailles de bonheur. Père Alicante se pencha sur le garçon recroquevillé, et plongea sa main dans son benne : « Ce sont les fruits du pêcher ! Les timides passent leur temps à se tripoter comme des cochons infects ! Mais Dieu te regarde tu sais ? Il te voit quand tu te touches le sexe, petit vicieux ! »
La transpiration se mêlait à l'air humide...
Extrait du roman en cours d'écriture: Le Goût Amer de l'Amande
Andy Vérol

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