Se « chibrant » (la sucette rouge luisante) sur ma guibole... | 21 mai 2010

Il eut rapidement des sentiments pour celle qu'il avait simplement relevée un jour de pluie battante. A chaque fois que son regard croisait le sien, il était le mâle nain de la grosse araignée dévoreuse. Michel sentait un peu plus fort des aisselles. Les grattait tout en parlant. Son désir, du moins le souvenir de celui-ci, se transformait en sudation. Je ne sais pas si c'était le mélange de fatigue, l'abus d'alcool et les lumières blafardes de ces bâtiments, qui créait ça, mais j'avais en ma compagnie, une myriade d'abrutis venus du passé. Père Alicante, surtout, se jetait sur moi, et s'excitait frénétiquement, comme un gros caniche blanc rasé partout sauf aux extrémités se « chibrant » (la sucette rouge luisante) sur ma guibole... Michel me ramenait à lui avec son timbre de voix qui s'éraillait par intermittence. Il eut le courage de s'asseoir à côté de Gladys et lui taper la causette. La pluie, le beau temps, le réchauffement climatique et le chômage. Des banalités échangée qui lui permirent de créer un lien réel.

 « ça se mélangeait dans ma tête. On pense pas désirer une femme de cet âge, alors des fois je me disais qu'elle était comme une mère, une amie. Je me sentais qu'elle avait de l'affection pour moi. De la tendresse tu vois. Je savais que ça la dégoûtait un peu mes dents, mais pas autant que les femmes plus jeunes. Et un jour, ça faisait deux mois qu'on se parlait pendant le trajet de l'arrêt de « La rue des Rosiers » à celui de « La Place du Général de Gaulle »...

- Abrège, y'a plus que huit minutes de pause.

- Ouais... Au bout de deux mois elle me demande si je veux aller boire un café ou un thé chez elle...»

 Il s'effondra de nouveau. Complètement hystérique.

Extrait du roman en cours d'écriture: Le Goût Amer de l'Amande

Andy Vérol