Je hais vos campagnes | 04 novembre 2010

Texte d'introduction encore brut de mon prochain roman: Le goût amer de l'amande
La ville est lumière et puanteur, anonymat et brassage de sueurs. La ville vient en toi dans ton ventre. Ses fumées piquent, son air vice la plénitude, ses nerfs vissent et scotchent, éreintent, plient le corps sous la dépression et la solitude...
 La campagne schlingue l'ennui, les mauvaises herbes qu'on crame, les dimanches devant Drucker, le barbeuk et la viande des corps vieux qui croupissent derrière les rideaux, à reluquer le passant, le commenter, le « commérager », l'enguirlander, le classer dans la boîte « estranger » ou « tarlouze » ou « pouilleux » ou « sale parigot ». La campagne renifle son propre cul, le chauvinisme des petits y prospère, pète à la gueule du quidam venu bouffer des croissants beurreux d'la maison d'hôte estampillée « trois cheminées ». La campagne et ses « oh c'est beau ces paysages, ces vaches ». La campagne sous la pluie, grise, verte mort, crame joie... La campagne et ses chemins, le bouseux qui flippe de ceux de la ville, ces envahisseurs irrespectueux de sa vie de merde. La campagne, les voisins qui critiquent les voisins, espionnent les gamins des Klicky, ces Pollacks pas propres qui bouffent de la soupe au sang. La campagne, ses petites routes plongées dans la nuit noire, ses affaires de gosses enlevés violés sodomisés. La campagne, ses petites micro nano histoires de Robert qui bat sa femme, de Jean-Pierre qui boit trop chez Nono, de Doumergue qui change jamais de slip. La campagne des fêtes à Neuneu, des foires, des concours de bétail et de charcuterie. La campagne, faire son jardin, faire sa soupe avec les poireaux du jardin, ses compotes avec les pommes de l'allée, ses mots croisés dans Télé7Jours les oreilles viciés par le JT de 13 heures de TF1. La campagne, la France rurale, cette connasse qui pue les engrais, le terreau, les espaces immenses de solitude. Les villes de campagne, les regards noirs de ceux qui se sentent plus français que les autres, plus polis, honnêtes que tous ces crevards qui brûlent tout dans l'actualité. La campagne... La campagne...
La campagne.
Je les entends déjà tes commentaires: "Mais c'est pas qu'ça la campagne"... Si c'est qu'ça... enfin c'est pire que ça.

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