Nocturnes à jeun pendant l'été indien | 27 août 2012

Tes mains glaciales posées sur mon ventre en sueur. Tes lèvres gelées suivant l'arête tiède de mon vit. Ton regard blanc, tes lambeaux de peau et la courbe brisée de tes reins comme du bois... Rien à 4 heures du matin ne put me faire jouir aussi fort que toi... Je n'avais pas la force de résister. C'était aussi excitant qu'une noyade en eau vive, exulter en hurlant à la mort, les yeux accrochés une dernière fois sur la berge où, papa et sa sœur se confondaient en à-coups spongieux. Impossible de dire si la falaise aurait le temps de les écraser avant le feu d'arti-viandes final, l’arti-fesse grandiose... Les vagues emportèrent l'enfant, ses souvenirs furent découpés, passés à la broyeuse du temps... Mais il avait des milliers de photos prises sans légende, des milliers de cris proses sans images///
Ils avaient la manie des salades de riz/thon, de la mayo faite maison, quand le garçon ne désirait que du ketchup, du Coca et des manettes de jeux... La manie de la mayo, du manger sain, du jouer sain, du « allez, on va se baigner///elle...est froide au début///mais après, elle est bonne ». « Mon cul, se disait le gamin, elle est gelée et ça m'fait chier »... Pour faire plaisir à son père, il s'y rendit et s'imagina petit matin froid, sans chauffage dans l'eau tiède d'une douche aux odeurs éreintantes de moisissures... Les moments sur l'herbe avec les tomates et les œufs durs dans la boite en plastoc, le pain de campagne qui éclatait de miettes marron foncées, la grenadine avec la paille dans la gourde en alu, le munster coulant que papa/tonton trucidait avec son couteau-suisse-c’est-un-vrai-rien-d’meilleur. Ailleurs ma mère/tata qui s'assurait que chacun ne couine pas en dehors de la couverture posée sur le sol. On sentait tout de même l'humidité de la terre et le rance du pain qui datait de la veille. « On n'est pas bien là ?». Un peu si, mais ça donnait l'impression que nous étions en train de nous noyer dans une dune... Le plus honteux, c'était ce maillot fait maison à l'élastique distendu qui faisait flotter les parties... Un cigare nain au pays du textile... Il fallait bien s'avancer et penser qu'ils s'en souciaient peu ces autres enfants qui « enfantillaient » au bord de l'eau (salope glacée enveloppants le corps comme des milliards d'épingles)... Enfin il se figea un instant avant que ce gros mâle qu'était le père adoptif, lui balança des paquets de flotte dans la gueule... Il retint ses larmes: « On n'est pas là pour être bien et se détendre? Alors pourquoi on me torture avec l'eau gelée HEIN? »... Il se glissa dans la baille comme dans un tombeau, ébloui par les décharges électriques qui toquaient tous ses membres...
Il éternua alors que sa bouche était pleine de crème fraiche gardée en réserve « pour faire une expérience ». Et ni une et ni deux et ni trois de quatre, la mandale partit savate dans la boîte à la fracasse, la tête…
Il cherchait toujours à voir ce qui se passait dans l'angle mort de l'écran de télé... Et il cherche aussi dans l’angle mort de ses yeux. « Dans le noir des orbites, y’a peut-être vue sur les galaxies de l’infiniment petit »… C’était ça les dimanches paisibles en famille/le/calvaire, l’état larvaire du bonheur recouvert d’un tapis d’affliction. Ça se terminait toujours bien pour la cousine, et parfois les yeux du gamin qui saisissait l’instant où elle se changeait dans la serviette : « Je mangerais la cervelle d’une vache pour voir ses p’tits nénés »…
Dans les secousses de l’Ami 8 break, il juchait son regard par-dessus la crête du siège et savourait la seule chose gentille et agréable de tata : ses cuisses…
Fin flash, je laisse un Petit Beurre empâter ma bouche. Je suis où ? J’étais dans le brouillon de la mémoire, j’étais debout, j’étais allongé. Je suis où ?

A insérer à la fin de Malik, P1.

Mon Usine, la suite… Roman en cours d’écriture.

Andy Vérol

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