Alice Sapritch a accepté votre invitation


Photo de yentel Sanstitre



30 juin 2011: il faudrait peut-être que je bosse. On nous gave avec le travail.


1er juillet 2011: je vais poser des congés. J'ai pas de travail, je pose des congés. Je dis à l'enfant qu'il faut bien travailler à l'école s'il ne veut pas finir pénard comme moi, au chaud, l'écran ouvert sur le monde complet (entier qu'on dit)




2 juillet 2011: jus d'chaussettes prêt, le petit s'est fait une sorte d'entorse lorsqu'il est tombé du karting à pédales que j'avais poussé à toute berzingue dans la pente près d'chez nous. Trop petit, trop fragile. J'ai surtout peur de me faire engueuler...


2 juillet 2011 (vers pas d'heure): les voix de chevaliers avec l'effet écho, les mots abruptes comme des vérités définitives. Ce morceau est bien gaulé, une biatch sonore, un sexy badboy au bulbe sans aspérités.



3 juillet 2011: ils ont construit des supermarchés sur les terres cultivées.


4 juillet 2011: "Alice Sapritch a accepté votre invitation". Cette phrase Facebook qui n'a pas beaucoup de sens, qui en a parfois au fil des mois lorsqu'un lien se crée entre un monstre aux apparences d'ange et un ange aux apparences de monstre. Plus globalement, on croise des milliers de passants, on s'ignore et parfois, tel un astéroïde qui prendrait l'angle exact qu'il ne faut pas, on se percute pour tout ravager. Mon Alice ne rentre plus. J'ai l'enfant et pas de nouvelles. Sans doute est-elle à l'autre bout du monde. En attendant, j'ai l'enfant.


5 juillet 2011: elle est une pince à linge pendu au fil, juste à côté du drap blanc soulevé par la bise hivernale. Un trou soleil béant au milieu du drap blanc. Le corps en W allongé sur le sol, brisé en deux points d'impact de gros calibres. C'est comme ça que les hommes affirment leur virilité maintenant, des points d'impact, des balles réelles fabriquées dans des usines irréelles, des coups de boule dans la face de la jeune femme pour qu'elle ouvre les cuisses, comme une feuille dead qui craque sous les semelles... On n'a les chevaliers qu'on mérite... La société industrielle a ses valeureux traders, ses djihadistes et ses GI, ... Crucifié, clouté au lit, je n'arrive pas à m'extirper du matelas... L'enfant est là, qui me regarde avec ses yeux-billes, sa bouille de spartiate bambin, les bulles de salive aux lèvres, l'agonie commença aussi pour lui. "Laisse-moi... Va jouer dans ta chambre".



6 juillet 2011: Offrir une corde à un député qui lutte contre l’euthanasie, un suppositoire à un homophobe, une gazeuse à un antifa, un sauciflard à un islamiste... une valise de billets à un anarcho-communiste... Virer au vinaigre, creuser des raisons valables dans le crâne de la fourberie. Un kit dents libres... un dentier qui fait office de clavier. ça fait du bien. Je me suis dé-crucifié du pieu pour emmener l'enfant au Buffalo Grill. Menu enfant.

Léonel Houssam

Commentaires

Articles les plus consultés