On n'échappe pas à la Terre métastasée par l'Homme

10 juillet 2011: l'été est une impression de déjà vu. L'enfant pleure à chaudes larmes parce que j'ai mis Lobotomy de NEON à fond dans le salon. Il lui faut une éducation, qu'il ne soit pas absorbé par la vacuité occidentale, tous ces bibelots de pensées, des gadgets de la contestation. Il lui faut un rempart de tristesse, une petite douleur là qui ne le quitte jamais, qui lui rabote les illusions et lui permette d'entrer en vie comme on entre en guerre... Mon Alice est absente, les absents ont toujours tort, ils ont toujours une cape immense qui enveloppe leurs silhouettes de brise. Ils partent, ou bien ils disparaissent, et ils te laissent avec tout leur barda, leurs yeux figés dans la mémoire, ... Les absents fabriquent des petits talus de pagailles et d'excréments sur le chemin de l'existence. Ils percent les miroirs, ils forment des courants de vents glaciaux autour de la couche, autour du séjour, dans la paume des mains... tels des stigmates...

11 juillet 2011: Subrepticement les massifs disparaissent, les arbres disparaissent, le papier donc disparaît, les écrans sucent les sous-sols, les synapses, les sexes, les sensations, les situations, les sales sens saturés de pixels... Et c'est bien. ça ne se discute pas, et ça se sait, ça se veut vivant, pas grave, perturbant... On n'échappe pas à la Terre métastasée par l'Homme en construisant des fusées, mais en dissolvant les cœurs, les corps, les cloaques nerveux dans les gros câbles tendus sous les océans, les filets des réseaux, les risettes en selfie, les séismes sensuels bercés d'illusion. On n'existe plus. L'enfant m'a pris la main et m'a regardé avec amour. Nous sommes complices. Je pisse dans mon lit, comme lui, mais je m'occupe de lui. Il m'a souri, il a cessé de pleurer quand je lui ai caressé le dos...

Léonel Houssam