Les terroristes ne sont toujours pas passés


Photo: Yentel Sanstitre --> http://yentelsanstitre.blogspot.fr/



Pas de marge de manœuvre. J'entre dans le taxi, le bracelet électronique fermement fixé à la cheville. Le chauffeur est basque. Pour lui, c'est important de le dire et de me préciser ce que je sais déjà, qu'il est fier, qu'il est indépendant, que son peuple est à part. J'ai envie de sortir le couteau de mon sac et de l'engorger. Je n'en fais rien et lui réaffirme hypocritement mon attention en lui posant des questions sur les fromages aux noms imprononçables de son pays. Il me dépose devant l'immeuble qui a été repeint en vert. Des verrues de crépi jaillissent de partout. La société HLM a encore opté pour une entreprise de ravalement à la petite semaine. Si seulement il y avait la mer. Mais non, il n'y a que ce multiculturalisme forcé de pauvres où à force d'être si différents et étrangers les uns aux autres, on finit par ressembler à des hordes de gnous sans âmes. Malik me salue et me propose une taf de son splif. Je fume un instant. "Alors de retour ?". Je pense "oui dans l'enfer de l'incendie éteint des tièdes ". Tirs imaginaires. Les terroristes ne sont toujours pas passés, mais leurs apprentis guettent à tous les coins de la cité. Malik me propose de venir manger le couscous chez sa maman. Mais nan je veux pas, j'ai besoin de sombrer dans un sommeil sans rêves ni cauchemars. Juste être mort durant six ou sept heures avant de reprendre le train train du quotidien qui déraille.

Léonel Houssam

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