Te convertir de force à l’Islam. Mais tu ne te laisseras pas faire hein ? Tu as tes soldats.




J’ai très peur de cette bascule idéologique. Pas peur pour moi, mais peur pour ceux qui y adhèrent, pour ceux qui en seront victimes. J’ai peur de cette peur qui ne jette pas dans l’effroi. Une peur non-émotionnelle. Une peur philosophique. Je songe bien sûr à quitter la France. Ma femme qui n’est pas française ressent comme moi cette montée haineuse sous-jacente de toutes parts. Des gens « honnêtes » comme « tout le monde » qui s’étalent, qui soutiennent toutes les politiques fascisantes depuis quelques mois. Car c’est de cela dont on parle. Ça a pris de nouvelles couleurs. La chemise brune est souvent un citoyen comme les autres, qui s’habillent chez H&M, qui pousse son caddie, qui baise une fois ou deux par mois, qui regarde Hanouna parfois, ne lit que très peu de livres sauf le dernier Asterix, le dernier Zemmour, qui n’aime pas Hollande, ni son gouvernement, mais qui trouve ça bien –enfin ?- que les musulmans soient tenus en laisse, qu’ils s’écrasent. Il professe, au nom de l’émotion des déchiquetés du Bataclan, qu’il faut durcir le ton. Alors voilà, c’est fait. 

Citoyen, tu as tes soldats dans la rue, tu as ta photo d’avatar Facebook avec le drapeau tricolore translucide sur la gueule, tu as un petit regard bienveillant sur les catholiques –qui eux ne tuent pas tes enfants hein ?- tu ressens de la haine rentrée, mais tu es un républicain, hein pas vrai ?  Alors tu répètes que tu ne fais pas d’amalgames, que tu ne détestes pas les étrangers, que ce sont eux, surtout les africains qui viennent toucher le cul de tes allemandes, qui te bouffent tes acquis sociaux, qui veulent te convertir de force à l’Islam. Mais tu ne te laisseras pas faire hein ? Tu as tes soldats. Tu as tes flics. Tu as ton état d’urgence de pétochard. Citoyen, tu as tes bombardiers au Moyen-Orient, au Mali, partout sur Terre, tes avions de chasse de plusieurs millions d’euros que tu as payés, que tu as vendus, que tu as refusés de voir. Car citoyen, le français, le bon hein, pas le franco-américain… Ah non, le franco-américain, le franco-suédois, le franco-belge, on l’aime bien lui, mais on le dit pas, on est pour la déchéance de nationalité pour les binationaux, oui, les terroristes, hein, les africains, ceux qui se coupent le zizi, qui mangent pas d’andouillette, qui portent des barbichettes… On le dit pas ça citoyen… On le gueule sur les réseaux sociaux, mais dans la rue, on a le regard en coin, la petite face qui retient sa haine devant une femme voilée, hein ? Celle qui doit sûrement vouloir tes allocs que tu as payées hein citoyen. Ta République, elle est française. Tu réinventes la France au nom de la haine. Car, oui les djihadistes ont buté du monde avec des armes russes, avec des promesses d’apocalypse. Citoyen, toi l’honnête, tu la veux ta République, TA nouvelle République avec sa Déclaration Universelle des Droits des Occidentaux de Culture Judéo-Chrétienne. Tu la veux. Tu l’as. La voilà ta France. Elle est là, sous tes yeux… comme dans les manuels d’Histoire, ta France est de retour avec des centrales nucléaires et des centres commerciaux en plus… Mais elle est là. Bien là.


Léonel Houssam

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