Manuel Valls, un dirigeant ordinaire

Photo de F. P.


Il se penche sur l'homme vautré dans un large fauteuil: 

"Je dirais que Valls est un être ordinaire, un chef ordinaire, une élite ordinaire qui n'est que la chose des banquiers, des contrôleurs de gestion, des polytechniciens, énarques et autres membres de ce que j'appelle le Mainstream des derniers jours. Quand je dirigeais une structure, joli directeur que j'étais, à la tête d'une équipe de 8 à 15 personnes selon les saisons, j'ai senti que les choses périclitaient et qu'une page allait se tourner. Alors je suis allé voir ceux qui me finançaient et je leur ai dit: "Fermons la structure mais préparons ça bien. Mettons les moyens pour reclasser réellement tout le personnel, quitte à financer les formations, à faire ça par étape et permettre à chacun de partir sans stress". Comme réponse j'ai eu droit à une volée de plomb: "Fermer?! Jamais! et nous demandons surtout à ce que vous progressiez encore dans les chiffres, le nombre d'adhérents avec le même budget". Les décideurs financiers et politiques n'avaient qu'une idée en tête: gagner une année pour positionner leurs pions, prendre un maximum de bénéfice de l'activité à court terme. C'était un challenge impossible à réaliser. Un an plus tard, ces connards (c'est le terme qui me vient direct quand je pense à eux), ils m'ont juste envoyé un fax, oui un fax, dans lequel ils indiquaient qu'ils ne financeraient plus rien... Voilà. Fin de l'histoire. J'ai licencié tout le monde, y compris moi. J'avais à cœur d'être un directeur avec une vraie foi, un vrai investissement. Le pouvoir et le fric ne m'intéressaient pas... La réalité, je le répète, c'est que Valls est comme tous ses petits camarades. Je ne suis pas un nihiliste suicidaire, je suis un nihiliste triomphant, militant, victorieux. Le pouvoir et l'argent sont les deux piliers de l'Histoire. J'ajoute un troisième: le sexe. Pour le reste, c'est du courant d'air..."

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