Ecrire, c’est une course en sac avec une bande de sales cons




Je n’aime pas l’idée d’être un écrivain tout comme ça me paraîtrait cauchemardesque d’être soldat, pire, un mercenaire. Je conçois l’écriture comme une fardeau doublé d’une bonne dose de folie. Finalement, des années ont couru et ont chuté derrière, me laissant tranquille, les crises d’anxiété s’effritant peu à peu. L’essentiel est d’écrire ce que l’écrasante majorité des êtres humains refuse. L’extinction. Ça peut se faire avec humour, vêtu d’une chemise à fleurs et d’un chapeau ridicule, ça peut se faire en voiture, dans les virages, à une vitesse supérieure à cent kilomètres par heure avec vue sur la mer, mais aussi, il y a la possibilité de s’y perdre comme on se noie dans l’obscurité d’un dessous de couette à l’âge de six ans. Ecrire, c’est une course en sac avec une bande de sales cons en compétition, l’air idiot jusqu’à la ligne d’arrivée. C’est une expérience chimique pathétique, celle qui consiste à mettre un morceau de craie rouge dans l’acide, de mettre trop d’acide pour que le bouillon déborde et dégueulasse toute la table, le sol, les fringues. L’écriture comme un bavoir pour ne pas tacher son pull de cette mélasse qu’on crache, chérubin perpétuel de l’existence :

« C’est par où la sortie Monsieur ?
- Quelle sortie ?
- Ben la mort.
- Mais vous l’avez déjà franchie. Chemin faisant, vous êtes déjà en pleine chute libre. 
- Je vis. Je me sens vivre.
- Ça fait toujours ça quand je viens de mettre des piles neuves ».

C’est ça écrire. C’est tout.

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