L'écologie ne sert à rien

Tranche de vie (égocentrisme facebookien au service de la matrice) :

En 1990-1991, lorsque j’étais jeune et con (17-18 ans), avec des potes, Sébastien D., Antoine O., Guillaume B., Nicolas M. et moi-même avions créé le M.E.R., le Mouvement Ecologiste Radical. Objectif : radicalement défoncer le capitalisme, les chiens du capitalisme, les maîtres du capitalisme pour instaurer par la force un régime écolo-libertaire (donc uniquement avec ceux qui pouvaient être d’accord avec nous). Pour cela, nous avions travaillé des dossiers ultra-complets sur l’Industrie, l’Education, les Transports, l’Energie, la Sécurité, l’Innovation, la Recherche, etc. Tous les thèmes. Très documentés, très argumentés et très radicaux, nos constats étaient suivis de propositions et d’actions.

Nous faisons des réunions en chaussettes sur un canapé en buvant des bières de « luxe », en bouffant des chips, en fumant des splifs et en écoutant les Béru, Ludwig et tous les tralalas keupons d’alors. Nous avions une approche radicale révolutionnaire mêlant actions pacifiques (majoritaires) et violentes (parce que nos ennemis le valaient bien) avec la constitution de brigades vertes, chargées de choper les pollueurs industriels par la peau du cul et les mettre devant des juges pour crime contre l’Humanité. Mais pas que. Ces brigades vertes avaient pour vocation à défendre le territoire écolo-libertaire que nous allions « libérer » du « capitalocène » et de ses conséquences écologiques assassines. Nous étions des jeunes gens pragmatiques, utopistes et sérieusement déconnectés du monde dans lequel nous vivions.

36 ans plus tard, le constat que nous avions fait avec nos petites mimines de futurs bacheliers et nos petites cervelles en croissance est hélas bien pire et l’accélération du processus de destruction est tel aujourd’hui, qu’il est irréversible. D’ailleurs en 1990-1991, la communauté scientifique qui se consacrait aux différentes questions sur l’environnement (sans internet, on peut trouver des milliers d’informations oui !) indiquait des points de ruptures climatiques, environnementales aux alentours des années 2010-2020.

C’est chose faite.

Le M.E.R. s’est dissout parce que tous les lycéens, étudiants, profs que nous tentions de convaincre nous prenaient ou pour des cons ou pour des débiles ou pour des fous ou tout ça à la fois. Leur objectif dans la vie : avoir un boulot, se reproduire, avoir des loisirs, consommer, présenter leur croupion aux maîtres du monde et couiner de plaisir…

Ce fut ma seule et unique expérience militante. Beau souvenir. Depuis, je suis l’écrivain-vigie de cette extinction irréversible et exponentielle d’une grande partie de la vie sur Terre…