Lobotomie générale des citoyens: votre avis les enrichit




Les élites politiques, économiques sortant toutes d'un même moule (ENA, Saint-Cyr, HEC, Polytechnique,...) imposent à leurs armées de cadres serviles un verrouillage total des activités humaines, des esprits, des mouvements par la mise en statistiques de tout, de n'importe qui, chiffrant les opinions, inondant de questionnaires de satisfaction bourratifs, incessants, obsessionnels, de calculs pseudo-scientifiques des opinions, de classements rigides sous une façade d'érudition de tous les comportements humains. Cette chape de plomb sectionne les actions de chacun, réduit l'individu à l'état de consommateur perpétuel et en retour transforme les uns et les autres en de véritables clients abrutis, infâmes, grossiers, capricieux, insatiables... Ainsi, ceux que l'on nommait auparavant des citoyens, tapent des crises de nerfs contre les employés de terrain des services publics (Crèches, Sécurité Sociale, Ecoles, Pôle Emploi, CAF, etc.), contre les caissiers/caissières des supermarchés, contre les vendeurs/vendeuses, contre les pompiers, les balayeurs, les guichetiers, buralistes... Chacun est plus pressé que l'autre, chacun compare les "prix" des services comme il consomme des putains de chip's ou des capotes goût fraise. Chacun exige, revendique autant de l'Etat, des collectivités locales ce qu'il réclame à l'hôtel 3* de ses vacances ou de sa barre de Twix.
L'obsession des élites est sans cesse d'optimiser les services, de répondre à la boulimie névrotique de citoyens-consommateurs usant de leurs "droits" pour exiger de se bâfrer toujours plus de tout, partout, tout le temps. Cela induit des comportements pathologiques immondes, comme par exemple empêcher des piétons de traverser (par ceux-là même qui accusent les "jeunes de quartier", leurs incivilités), de ne pas saluer une caissière, de se ruer sur les quais, de se plaindre auprès de collègues, d'inconnus ou de gens qu'ils connaissent à peine de leurs petits soucis matériels, leurs petits problèmes de cahiers à carreaux à la rentrée scolaire ou du manque de sourire du stagiaire au guichet SNCF à 6 heures du matin...
Les questionnaires de satisfaction pleuvent dans les boîtes mails, les petits boutons "smileys je souris vert ou jaune ou orange" sur lesquels il faut taper comme un buzzer déclenchant un bombardement nucléaire éventuel sur le type payé au SMIC qui n'avait pas envie de faire plus que de filer son ticket de voyage à une face farineuse prête à le croquer. Le conseiller de la Sécu comme le vendeur chez Darty te balancent désormais, avant de te quitter: "N'oubliez pas de répondre au questionnaire et en bien s'il vous plait"... Pour que leurs supérieurs, ces cadres serviles puissent toucher leurs primes mensuelles, trimestrielles, annuelles au rendement... Plus les "indicateurs" sont "au vert" et plus "l'actionnaire" est content. Le fond de pensions comme "l'état-actionnaire" (Macron a décidé que désormais les Hauts-Fonctionnaires seraient des "entrepreneurs", vous ne le saviez pas? ça en dit long non?) réclament des "données chiffrées" pour évaluer et valoriser les dividendes des dirigeants publics ou privés, ministres ou PDG, Président d'un Etat ou Directeur des Affaires Financières, entraînant toute la chaîne de contrôle, du citoyen-consommateur harcelé par les questionnaires et fichés dans des bases de données statistiques tant commerciales qu'étatiques jusqu'au paysan du fond des Ardennes en passant par l'ouvrier au chômage, le propriétaire sur-endetté, l'habitant d'un HLM vétuste ou le retraité asphyxié par sa petite pension...
Ces élites n'évaluent donc pas le bien-être ou la satisfaction, ils poussent chacun à mettre les voyants au vert, à faire monter les courbes positives, faire descendre les courbes négatives... telle une automatisation de l'ensemble du corps humain, où chaque individu n'est plus qu'une cellule saine ou une cellule cancéreuse... à flatter ou à éliminer...
J'invite donc tous ceux qui liront ce texte à ne plus répondre à aucun questionnaire, à être respectueux avant d'exiger le respect d'autrui, à refuser de travailler à l'amélioration poussive des chiffres sur injonction de leurs managers lobotomisés par les obligations de "performance" dans l'optique de toucher une prime et se voir décerner un bel AVC ou une sublime crise cardiaque après dix ans de bons et loyaux services...

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